Question:
Bonsoir
La Guémara raconte que Yo’hanan Hacohen Gadol (qui, pour certains avis, est le roi Yanaï), après 40 ans (ou est-ce 80 ?) de bons et loyaux services en tant que Grand Prêtre, devint Cédouki le jour de Yom Kippour.
Je sais que certaines sources expliquent ce qu’a fait précisément Yo’hanan ce jour-là. Pourriez-vous m’éclairer là-dessus ?
Merci et Kol Touv.
Réponse:
Bonjour,
Yo’hanan-Hyrcan n’est pas devenu Zedouki le jour de Kippour ; voici comment Flavius le rapporte :
“Les succès d’Hyrcan et de ses fils excitèrent l’envie chez les Juifs ; il était surtout mal vu des Pharisiens, l’une des sectes des Juifs, comme nous l’avons dit plus haut. Ces hommes ont une telle influence sur le peuple, que même s’ils parlent contre le roi ou le grand-prêtre, ils trouvent aussitôt créance. Hyrcan avait cependant été leur disciple et était très aimé d’eux. Un jour, il les invita à un banquet et les festoya magnifiquement ; quand il les vit dans de bonnes dispositions, il se mit à leur parler, disant qu’ils connaissaient sa volonté d’être juste et ses efforts pour être agréable à D.ieu et à eux-mêmes : les Pharisiens, en effet, se piquent de philosophie. Il les priait donc, s’ils voyaient quelque chose à reprendre dans sa conduite et qui fût hors de la bonne voie, de l’y ramener et de le redresser. L’assemblée le proclama vertueux en tout point, et il se réjouit de leurs louanges ; mais l’un des convives, nommé Éléazar, homme d’un naturel méchant et séditieux, prit la parole en ces termes : “Puisque tu désires connaître la vérité, renonce, si tu veux être juste, à la grande-prêtrise et contente-toi de gouverner le peuple.” Hyrcan lui demanda pourquoi il devait déposer la grande-prêtrise. “Parce que, dit l’autre, nous avons appris de nos anciens que ta mère fut esclave sous le règne d’Antiochus Epiphane.” C’était un mensonge, Hyrcan fut vivement irrité contre lui, et tous les Pharisiens fort indignés.
Mais un homme de la secte des Sadducéens – qui ont des idées opposées à celles des Pharisiens -, un certain Jonathas, qui était des meilleurs amis d’Hyrcan, prétendit qu’Eléazar n’avait insulté celui-ci que de l’assentiment général des Pharisiens : Hyrcan s’en convaincrait facilement s’il leur demandait quel châtiment Eléazar avait mérité par ses paroles.
Hyrcan invita donc les Pharisiens à lui dire quelle punition avait méritée Eléazar ; il reconnaîtrait que cette injure ne lui avait pas été faite de leur aveu, s’ils fixaient la peine à la mesure de l’offense. Ceux-ci répondirent : “Les coups et les chaînes”, car une insulte ne leur paraissait pas mériter la mort ; et d’ailleurs les Pharisiens sont par caractère indulgents dans l’application des peines.
Hyrcan fut très irrité de leur sentence et conclut que le coupable l’avait insulté d’accord avec eux. Jonathas surtout l’excita vivement et l’amena à passer à la secte des Sadducéens, abandonnant celle des Pharisiens ; il abrogea les pratiques imposées au peuple par ceux-ci et punit ceux qui les observaient.
De là vint la haine du peuple contre lui et ses fils.
Les Sadducéens ne parvenant à convaincre que les riches et n’étant pas suivis par le peuple, les Pharisiens, au contraire, ayant la multitude avec eux” (Antiquité, 13).
Cette histoire est aussi rapportée dans le Talmud (Kiddouchin 66).
En ce qui concerne Yo’hanan-Hyrcan et le jour du Kippour, le Talmud et Flavius rapportent ainsi :
Talmud :
“Des jeunes Cohanims, menés par les deux fils de Yo’hanan Cohen Gadol, allèrent avant Kippour faire la guerre contre les grecs à Antioche. Pendant son service au Temple le jour du Kippour, Yo’hanan a entendu une voix céleste sortir du Saint des saints qui disait : “Les enfants ont gagné la guerre”. Par la suite, on vérifia l’heure et elle correspondait avec exactitude” (Sota 33a, Midrach Chir Hachirim 8, 7).
Flavius :
“On raconte aussi au sujet du grand-prêtre Hyrcan un fait extraordinaire, comment D.ieu eut un entretien avec lui. On dit que le jour où ses fils livrèrent bataille à Antiochus Cyzicène, quand il brûlait l’encens dans le sanctuaire, le grand-prêtre entendit une voix lui disant que ses enfants venaient de vaincre Antiochus. Sortant du Temple, il annonça à tout le peuple la nouvelle, qui confirma par la suite l’événement” (Antiquité 13, 10).
Au sujet des sadducéens et le jour du Kippour, voici le Talmud : “Chaque veille de Kippour, le Beth-Din faisait jurer le Cohen Gadol de suivre la pratique des pharisiens, et pas le conseil des saducéens” (Talmud Yoma 18b). “Un jour, un Cohen-Gadol saducéen a préparé l’encens à l’extérieur du Saint des saints, comme le voulaient les saducéens, et il sortait joyeux. Il a rencontré son père qui lui dit : “Mon fils, bien que nous sommes des saducéens, nous craignons les pharisiens”. Le fils a répondu : “Toute ma vie j’ai attendu ce moment, et maintenant que j’ai pu l’appliquer, je ne le ferais pas ?”. On raconte que quelques jours après cela, il est mort et son corps se trouvait sur la décharge public, et les vers sortaient de ses narines. Rabbi Hyya raconte : un grand bruit fut entendu dans la Azara quand l’ange venait et le frappait” (Yoma 19b).
Ce Cohen Gadol n’était pas Yo’hanan-Hyrcan, car le père de Yo’hanan, Chimon fils de Matatyahou, mourut assassiné avant que Yo’hanan ne devint Cohen Gadol, et beaucoup avant qu’il ne devienne Zedouki.
Kol Touv.