Question:
Bonjour,
Je me pose la question suivante au sujet du Cha’anetz.
Dans Dévarim 22, 11, on trouve l’interdiction de porter un tissu fait d’un mélange de laine et de lin, ces 2 fibres étant explicitement mentionnées.
Mais dans le Lévitique 19, 19 on trouve “un vêtement de fibres mélangées ne viendra pas sur toi”. Donc il semble, d’après ce passage, qu’un vêtement fait de N’IMPORTE QUEL mélange – donc pas seulement un mélange laine/lin mais aussi par exemple un mélange soie/cachemire – soit interdit.
Pourtant, d’après ce que je sais (sans être expert), la Halakha a privilégié Dévarim et retenu seulement l’interdiction laine/lin.
J’aurais voulu savoir si c’est bien ça, et si oui, pourquoi avoir privilégié Dévarim sur le Lévitique ?
Bien à vous.
Réponse:
Bonjour,
Les vêtements sont fréquemment composés de deux espèces, ne serait-ce que pour la couture.
Moché Rabbénou cite une cinquantaine de vêtements, dès le premier habit à base de feuilles de figuier cousu par un fil.
Noé fut couvert par un habit ; Abraham possédait des chaussures en cuir cousues avec un fil, ainsi fut-il pour Moché et les juifs qui sortaient d’Egypte ; une veuve retire celles de son beau-frère et certains juifs possédaient des chaussures renforcées avec du fer et du cuivre.
Certains habits couvraient le visage, comme celui de Rébecca, de Sarah, de Tamar et de Moché.
Joseph avait reçu un habit de son père Jacob, la femme de Potiphare l’attrapait par son habit; à sa sortie de la prison on lui changeait ses habits de prisonnier et on lui donnait un habit plus noble, puis il fut habillé par le Pharaon avec des habits royaux. Certaines déchiraient leurs habits comme Jacob, les dix frères de Joseph, Josué et Kalév.
Jacob priait pour avoir un habit, Joseph en a offert à ses frères, Abraham et Bilam y attelaient leur âne et Rébecca son chameau.
Un habit pourrait être atteint de la lèpre ; certains doivent être lavés, comme ceux des juifs avant la réception de la Torah, ceux des lépreux, et après la procédure de la vache rousse, quand ils ont touché un mort ; certains seront lavés avec de l’alcool.
Les égyptiens prêtaient des habits aux juifs, qu’ils mettaient sur leurs garçons et leurs filles, et qu’ils portaient par la suite dans le désert, et ils ne s’usaient jamais.
Moché cite encore des habits de veuve, de deuil, d’une prisonnière, des habits donnés en dépôt, en gage contre un prêt ou autre service ; du père, trouvés perdus, pillés en guerre, dans lesquels on dort, et ceux que chaque époux doit à sa femme. Sur certains on noue des fils, pour la chasse, comme déguisement, pour le service au Temple, qui sont interdit de déchirer ou qui induisent l’immoralité, ou étendu sur le lit nuptial.
Venons maintenant à votre question : lorsque D.ieu interdit à Moïse de porter des habits composés, ce dernier devait sans doute se poser votre question. Enfin, chaque enseignement écrit dans la Torah soulève des doutes sur les détails et les conditions.
Voilà quelques exemples :
Moché écrit : “Celui qui travaille pendant Chabbath sera mis à mort par lapidation”. Quel geste est considéré comme un travail ? Pourrions-nous imaginer un livre de loi qui annoncerait : “Celui qui fait une erreur de conduite avec sa voiture sera mis à mort”, sans que les conducteurs sachent quel geste est interdit ?
Moché écrit : “Soyez assis sept jours dans une Soucca”, sans préciser ce qu’est une Soucca, un igloo ou un parc, une piscine ou une cabane, ni qui doit s’assoir, ni d’indication s’il est permis de se tenir debout ou de se coucher.
Moché écrit : “Il vous est interdit de manger un animal Teréfa (déchiqueté)”, sans expliquer s’il s’agit d’une bête déchiquetée entièrement ou partiellement, griffée par un lion, ou mordue par un chat ou un chien.
Moché écrit : “Mangez pendant sept jours de la Matsa”, sans énoncer si elle est composée de fruits, de légumes, de viande, de farines, ou de quelles sortes de farines.
Enfin, aucun commandement et aucune interdiction n’est développé de façon détaillée dans le texte de la Torah, et le doute que vous soulevez sur les habits est un parmi de milliers.
La réponse est une évidence : D.ieu n’a pas seulement dicté à Moché un texte, Il lui a aussi transmis les détails oralement, pendant les quarante jours qu’il était sur le Sinaï et pendant ses rendez-vous avec Hachem au Michkan, pendant les quarante ans que les juifs traversaient le désert. Ils sont aussi allusionnés dans le texte par les règles herméneutiques ; veuillez lire l’introduction de Maïmonide sur la Michna (traduite en français par Itsh’ak Chilat), et le Kouzari de Rabbi Yehouda Halévy, chapitre 3, deuxième moitié.
En ce qui concerne les habits, D.ieu avait instruit Moché que l’interdiction ne concerne que le mélange lin-laine, et cela est confirmé par l’herméneutique.
Kol Touv.