Question:
J’ai trois principales questions à vous poser pour ce nouvel an grégorien.
1) Pourquoi l’équipe de Torah-Box ose prononcer les noms de divinités étrangères, ce qui, à mon avis, est contre le livre d’Exode 2, 13 ?
2) Si la Génèse 6, 3 fixe l’âge maximal des hommes à 120 ans, pourquoi dans le deuxième Livre des Chroniques 24, 15, le Cohen Yoyada est mort à 130 ans ?
3) Si Cain et Abel étaient la descendance directe des premiers Hommes créés (Adama et Ravah), selon la Gènese 4, 16-17, de quel peuple est issue la femme que Cain a pris ? Et de quel peuple Cain a-t-il peur selon la Génèse 4,14-15 ? Ou existe-il d’autres humains qui n’ont pas été créés ?
J’espère recevoir des réponses satisfaisantes de votre part.
Merci.
Réponse:
Bonjour,
1) La Bible prononce souvent des noms des divinités étrangères : « Israël s’attacha à Baal Peor… » (Nombres 25, 3) ; « Malheur à toi, Moab ! Tu es perdu, peuple de Kemosch ! » (Nombres 21, 29) ; Kemoch est la divinité de Moab : « Ce que ton dieu Kemosch te donne… » (Juges 11, 24).
Vous trouverez aussi des centaines de citations du genre dans les livres des prophètes, voici quelques exemples : « Les enfants d’Israël firent encore ce qui déplaît à l’Éter-nel; ils servirent les Baals et les Astartés… » (Juges 10, 6) ; « Les nations firent chacune leurs dieux dans les villes qu’elles habitaient, et les placèrent dans les maisons des hauts lieux bâties par les Samaritains. Les gens de Babylone firent Succoth Benoth, les gens de Cuth firent Nergal, les gens de Hamath firent Aschima, ceux d’Avva firent Nibchaz et Tharthak; ceux de Sepharvaïm brûlaient leurs enfants par le feu en l’honneur d’Adrammélec et d’Anammélec, dieux de Sepharvaïm » (Rois II 17, 29-31). Quand le Talmud discute des lois concernant l’idolâtrie, il prononce leurs noms.
Le verset qui interdit la prononciation des divinités : « Vous ne prononcerez point le nom d’autres dieux : qu’on ne l’entende point sortir de votre bouche » (Exode 23, 13), ne s’applique que lorsqu’on les prononce de façon respectueuse (par exemple “Comme cette statue est belle”) ou quand on les utilise (par exemple, on ne dira pas à son prochain : “Attends-moi à côté de telle statue”) (Sanhedrin 63b).
2) Celui qui comprend le verset : « Car l’homme n’est que chair, et ses jours seront de cent vingt ans » (Genèse 6, 3) dans le sens que D.ieu a décrété que l’être humain ne pourrait vivre plus que 120 ans, n’est pas obligé de citer le livre de Chroniques – rédiger 1000 ans après le Pentateuque – pour trouver des citations d’hommes qui ont vécu plus que 120 ans.
Il pourrait opposer simplement des versets cités quelques chapitres plus loin : « Chem vécut, après la naissance d’Arpacschad, cinq cents ans… Arpacschad vécut, après la naissance de Schélach, quatre cent trois ans… Schélach vécut, après la naissance d’Eber, quatre cent trois ans… Eber vécut, après la naissance de Péleg, quatre cent trente ans… Péleg vécut, après la naissance de Reou, deux cent neuf ans… Reou vécut, après la naissance de Serug, deux cent sept ans… Serug vécut, après la naissance de Nachor, deux cents ans… Les jours de Térach furent de deux cent cinq ans… » (Genèse 11, 10-32).
Ainsi, Abraham a vécu 175 ans (Genèse 25, 7) ; Ismaël 137 ans (Genèse, 25, 17) ; Isaac 180 ans (Genèse 35, 28) ; Jacob se présente devant le Pharaon à 130 ans (Genèse 47, 9) et a vécu 147 ans (Genèse 47, 28) ; Levy a vécu 137 ans (Exode 6, 16) ; Kehat a vécu 133 ans (Exode 6, 18) ; Amram a vécu 137 ans (Exode 6, 20).
Enfin, comme le rapporte Rachi au nom du Talmud, les 120 ans cités dans la Genèse ne concerne pas les jours de la vie de l’homme, mais les jours de la vie des gens de la génération de Noé. Depuis le jour de l’annonce du déluge jusqu’à son arrivé, se sont passés 120 ans ; D.ieu a en fait demandé à Noé qu’il avertisse sa génération pendant 120 ans, et que sans repentance, un déluge détruira le monde.
3) Adam, le premier homme, a engendré des filles : « Les jours d’Adam, après la naissance de Seth, furent de huit cents ans; et il engendra des fils et des filles » (Genèse 5, 4). Cain a épousé une de ses sœurs.
Aucun texte biblique n’interdit aux non-juifs le mariage avec leur sœur ; les versets qui l’interdisent avec une sœur paternelle ou maternelle : « Tu ne découvriras point la nudité de la sœur de ton père…, tu ne découvriras point la nudité de la sœur de ta mère… » (Lévitique 18, 11-14), furent adressés aux juifs 2400 ans plus tard.
D’après la tradition talmudique, que D.ieu a interdit aux non-juifs d’épouser leur sœur maternelle, comme dit Abraham : « Elle est ma sœur, fille de mon père; seulement, elle n’est pas fille de ma mère; et elle est devenue ma femme » (Genèse 20, 12), D.ieu a fait une exception pour le permettre à Cain, du fait qu’il n’y avait pas d’autres filles (Sanhedrin 58b).
En ce qui concerne la peur de Cain de se faire tuer, il craignait en fait la vengeance d’un de ses descendants, ou éventuellement les descendants de ses frères, Hevél ou Shet.
Kol Touv.